Vendredi 31 mars, dans le cadre du programme d’histoire, collégiens et lycéens ont visité le site du camp de concentration de Natzwiller-Struthof, accompagnés de Mmes Fétison, Fontaine, Dutard et de M. Dubois, leurs professeurs. Une journée longue, lourde de sens sous une météo sombre, froide et venteuse !
Après plus de quatre heures de route, la visite guidée du camp a commencé. L’Alsace avait été annexée au Grand Reich en 1940. Le Struthof est le camp de concentration le plus occidental. Les bâtiments ont été construits par les premiers déportés en 1941, à 800 m. d’altitude, sur le site d’une ancienne station de ski, pour exploiter une carrière de granit rose à proximité.
Le parcours de la visite avait pour thème « La déshumanisation dans l’univers concentrationnaire ». Après quelques explications sur le contexte historique, nous avons franchi le sinistre portail.
Une longue pente de 100 m. de dénivelé nous mena aux baraques : la prison, où furent enfermées dans des conditions abominables des centaines de personnes, puis l’infirmerie qui servit aux expériences médicales, avec son four crématoire. Chaque m² témoigne de la souffrance des prisonniers. La place d’appel, les traces des dortoirs, évoquent la survie quotidienne et les exécutions capitales. Dans ce camp, l’être humain devient un objet destiné à produire le plus possible à moindre coût pour l’économie de guerre. Lorsqu’il est trop faible pour travailler, il est assassiné : c’est l’extermination par le travail.
Le camp devint, à l’automne 1942, un centre d’expérimentation humaine. En collaboration avec la SS, des professeurs de médecine de Strasbourg menèrent des expériences en utilisant le « matériel humain » à disposition ou amenés des différents camps du Reich (essais sur du gaz toxique liquide, vaccin contre le typhus, collection de squelettes …).
La chambre à gaz, située à l’écart de l’enceinte, servait à tuer ces cobayes.
Durant la pause méridienne, nous avons pu visiter les deux expositions présentées au Centre Européen du Résistant Déporté. L’après-midi, les élèves ont travaillé à l’atelier « Au nom de la couleur », dont l’objectif était de retracer le parcours de prisonniers et d’une prisonnière. Selon les couleurs des triangles, une hiérarchie avait en effet été établie par le système concentrationnaire. L’exclusion, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la haine, l’intolérance furent évoqués. Un voyage terrifiant au cœur des ténèbres, qui vit pourtant parfois triompher la force du courage et de l’engagement.
C’est notre devoir de nous souvenir, de rendre hommage à ces hommes et à ces femmes pour savoir agir et protéger notre avenir.
Ariane Dutard
