Ariane Dutard, professeure d’Histoire Géographie

Vendredi 8 décembre, les classes de terminale E et de 3e F ont participé à une sortie scolaire dans le cadre des programmes d’Histoire et d’Education Morale et Civique. Accompagnés par leurs professeurs, Mmes Fétison, Pasquet, Stabile et Dutard, les élèves ont pu appréhender la réalité de l’univers concentrationnaire.

Ce camp a été construit par les déportés entre mars et mai 1941, sur un territoire alors allemand. Il était destiné à l’extraction du granit rose et commandait une cinquantaine de camps annexes répartis sur les deux rives du Rhin. Trente deux nationalités y étaient représentées. Plus de 52 000 personnes y furent emprisonnées. Il détient d’ailleurs un triste record de mortalité, puisque les historiens estiment que 17 000 personnes périrent dans le camp ou ses annexes.

Le matin a été consacré à un atelier « Au nom de la couleur ». A l’aide de documents d’archives, il s’agissait de retracer le parcours de neuf personnes ayant séjourné dans le camp. Chacune personnalisait une couleur, en référence au triangle et au matricule qui remplaçaient leur identité et contribuaient à leur déshumanisation : Heinrich Eifeld, matricule 3 triangle vert des droit commun, Julius Geiger, matricule 452 triangle bleu des apatrides, Richard Kuhl, matricule 2938 triangle noir des asociaux, Willy Behnke, matricule 6 triangle rouge des opposants politiques, Anton Schneider, matricule 6243 triangle rose des homosexuels, battu à mort dès son arrivée, Camil Studer, matricule 3073 triangle violet des témoins de Jéhovah, Pierre Rolinet, matricule 110902, déporté NN « Nacht und Nebel » destiné à disparaitre « dans la nuit et le brouillard », Adalbert Eckstein, matricule 6545 triangle marron des tziganes et Elisbeth Klein étoile de David, assassinés pour des expériences médicales.

La visite du Centre européen du résistant déporté décrit la mise en place et la barbarie du régime nazi. De 1941 à 1944, le camp est le lieu d’expériences médicales : expériences sur les sulfamides, les gaz de combat, le typhus. Les nazis tentent également de constituer une collection anatomique de squelettes juifs. En avril 1943, une chambre à gaz, « à visée expérimentale », fut aménagée dans une annexe de l’auberge du Struthof.

L’après-midi, les conditions météo très hivernales ne nous ont pas permis de visiter l’intégralité du camp mais la baraque-musée et ses reconstitutions nous ont aidés à imaginer le quotidien des déportés. La flamme du mémorial et les croix de la Nécropole nationale émergeaient alors du brouillard comme pour honorer leur souvenir.

Avant de repartir, nous avons visité la chambre à gaz, à l’écart du camp. L’émotion était intense…

Le devoir de mémoire est accompli afin que l’engagement des nouvelles générations à lutter contre la barbarie et la déshumanisation se poursuive.